DORMEZ MIEUX !
Parmi les éléments qui permettent aux chefs d’entreprise de dormir sereinement –ou non, la trésorerie arrive sans doute en tête de liste. Et à juste titre : c’est une cause majeure de défaillance des entreprises. Chacun sait que réaliser des bénéfices n’est absolument pas une garantie de pérennité. Il est donc normal que le chef d’entreprise se préoccupe prioritairement de l’état de ses finances, et a fortiori de l’état futur de sa trésorerie. La nécessité apparaît clairement lorsque la situation est difficile, mais elle existe également lorsque la position de trésorerie est largement positive. Pourquoi est-il indispensable de gérer sa trésorerie? Pour 3 raisons : assurer la liquidité qui permettra à l’entreprise de payer ses dettes, salariés et fournisseurs, gérer les risques et se préparer efficacement à d’éventuelles difficultés, et enfin, améliorer le résultat financier. C’est une source de profit également !
QUELS SONT LES GRANDS PRINCIPES DE LA GESTION DE TRÉSORERIE ?
Si la gestion de trésorerie doit remplir ces 3 fonctions, y arriver suppose de respecter quelques règles :
- C’est lorsque la trésorerie est excédentaire que l’on est le mieux à même de l’améliorer.
- La rigueur est de mise : aussi bien au niveau du suivi interne qu’externe.
- C’est une activité centrale dans l’entreprise, qui demande un excellent niveau de communication interne
- Le trésorier ne s’intéresse pas au passé, mais à l’avenir ; son travail s’appuie sur des prévisionnels.
Ce dernier point constitue le point de fragilité de la mission du trésorier. En effet, devant la difficulté (voire l’impossibilité) de prévoir l’activité future, de nombreux chefs d’entreprise délaissent la gestion prévisionnelle de trésorerie. C’est une erreur fondamentale, à ne pas commettre.
COMMENT PROCEDER ?
Tout commence par le prévisionnel d’activité. Il s’agit d’établir quelles seront les ventes et les charges pour l’exercice en cours et/ou le prochain exercice. Plusieurs modes opératoires existent. Vous pouvez utiliser votre historique d’activité et appliquer un coefficient multiplicateur. Vous en déduisez un chiffre d’affaire prévisionnel ainsi que les charges qui s’y rapportent. Vous pouvez également passer en revue la liste de vos clients, ou ceux qui représentent 80% de votre chiffre d’affaires, et estimer leurs achats futurs. Tenez compte de stratégies nouvelles qui permettront d’acquérir de nouveaux clients.
Une autre approche fait intervenir le calcul du point mort. Ce dernier représente le chiffre d’affaires minimum permettant d’avoir un résultat comptable nul. Estimez alors le montant de vos charges fixes, ajoutez-y les charges fixes supplémentaires que vous prévoyez, ainsi que votre objectif de bénéfice. Divisez alors par votre taux de marge sur coût variable (souvent proche du taux de marge brute), et vous obtenez votre point mort.
Ce prévisionnel donne un résultat d’exploitation théorique. Il manque alors un certain nombre d’informations qui vous permettront de suivre votre trésorerie, à savoir :
- Les délais de paiement (clients et fournisseurs)
- Le régime et les taux de TVA à appliquer
- Les décalages entre les achats de matière première/ marchandises et leur utilisation (impact sur le stock)
- Les prévisions d’acquisition ou de vente d’immobilisations
- Les flux financiers non directement liés à l’activité (financements, modification du capital ayant un impact sur la trésorerie, versement de dividendes, gestion des comptes courants, etc.)
Intégrez ces données dans le calcul de votre trésorerie prévisionnelle.
Les grandes masses monétaires annuelles sont utiles pour envisager les financements à moyen et long termes. Par contre, elles sont trop globales pour vous permettre une gestion à court terme. Déclinez donc votre plan annuel en flux par mois, idéalement pour les 6 à 12 mois à venir (période dite « glissante »), en intégrant la saisonnalité, le cas échéant. Mensuellement, la position de trésorerie est généralement envisagée à la fin du mois. Mais ce n’est pas obligatoire et il peut être préférable d’envisager un autre moment, en particulier lorsque des échéances importantes tombent en milieu de mois et que c’est à ce moment-là que la trésorerie est au plus bas.
L’APPROCHE PAR LES ENCAISSEMENT ET LES DÉCAISSEMENTS
Lorsque vous avez établi votre prévisionnel d’activité et intégré les données propres aux mouvements de trésorerie, il est simple de constituer son plan prévisionnel de trésorerie en suivant les encaissements et les décaissements. Tenez compte du décalage entre les règlements et la facturation correspondante, ainsi que du régime de TVA, pour classer le flux de trésorerie dans la bonne période. Le prévisionnel comporte alors :
- La trésorerie début de période
- Les ventes TTC, les achats TTC, les frais TTC, les charges de personnel,
- La TVA, les impôts et taxes, les frais financiers
- Les emprunts émis, les remboursements d’emprunts, l’acquisition d’immobilisations et le paiement des dividendes
- La trésorerie fin de période
L’APPROCHE FONCTIONNELLE PAR LE BESOIN EN FONDS DE ROULEMENT (BFR)
L’inconvénient de l’approche par les encaissements/ décaissements, c’est qu’elle donne peu d’explications sur l’origine de l’évolution de la trésorerie. Par exemple, elle ne dit pas si cette évolution est liée à l’évolution de la marge d’exploitation, ou à celle des conditions de règlements ou encore de la gestion des stocks.
L’approche par le besoin en fonds de roulement apporte ces informations. Le prévisionnel comporte alors :
- La trésorerie initiale
- La marge d’exploitation et les frais financiers
- La variation des postes clients, stocks et fournisseurs (postes constituant le BFR)
- Les nouveaux emprunts, les remboursements d’emprunts, le paiement des dividendes, les modifications de capital et les acquisitions/cessions d’immobilisations (postes constituant le Fonds de Roulement)
- La trésorerie finale.
Dans les 2 cas, le résultat obtenu doit être identique. Optez pour la méthode qui vous semble le plus pertinente, mais dans tous les cas, réalisez votre prévisionnel de trésorerie ! Vous pourrez ensuite anticiper les besoins futurs et réfléchir aux meilleures solutions pour optimiser vos résultats.
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[…] Pour une trésorerie saine, faîtes votre prévisionnel de trésorerie. Utilisez le suivi des encaissements et décaissements, ou du fonds de roulement et BFR. […]
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